Pauline Birot
En Echo de Philippe Manoury : éléments d’analyse d’une œuvre et d’un système interactif

Accéder à l’article

En s’appuyant principalement sur quatre des sept pièces du cycle En Écho du compositeur Philippe Manoury, nous avons cherché à mettre en relief les différentes figures de l’interactivité. Il est question ici de littérature et poésie, musique et électronique, tissage entre les technologies et la voix. L’article présente une analyse partielle de la pièce avec des extraits sonores de l’œuvre mais aussi des suivis de partition ; il s’appuie sur des entretiens avec le compositeur.

—-

Based on four of the seven parts of the cycle En Écho of the composer Philippe Manoury, we tried to highlight the various figures of interactivity. It is here question of literature and poetry, music and electronics, weaving between technologies and voice. The article presents a partial analysis of the work with sound extracts and also score following vidéos ; it is based on interviews of the composer.

Laurent Pottier
Turenas (1972) de John Chowning, vers une version interactive

À savoir avant d'ouvrir cet article

Cet article implique des contenus interactifs et animés créés avec Adobe Flash, langage aujourd'hui obsolète et bloqué par les navigateurs. Nous réfléchissons à une solution pérenne pour remédier à cela. En attendant, vous pouvez installer l'extension Ruffle, qui permet de lire une partie des contenus Flash sur votre navigateur.

Vous pouvez installer Ruffle directement depuis votre navigateur :

L'installation est très rapide et vous permettra d'accéder au contenu Flash de cet article (et à d'autres qui présentent le même problème).

Accéder à l’article

Nous décrivons le portage de la célèbre pièce de John Chowning, « Turenas », (pièce pour bande magnétique quadriphonique datant de 1972) vers un dispositif temps réel pour quatre instrumentistes, permettant une interprétation des sons électroniques. Dans un premier temps, nous donnons une description de la pièce, puis nous présentons les instruments (synthèse FM et spatialisation) que nous avons mis au point dans Max/MSP pour la reproduire. Nous indiquons en outre les caractéristiques des principaux sons utilisés dans la pièce puis nous discutons de certains choix que nous avons dû effectuer pour adapter cette pièce, initialement pour bande magnétique, pour la faire jouer par des interprètes.

Nous précisons quelques-uns des paramètres que nous avons choisi de contrôler en temps réel et quelles interfaces gestuelles doivent être utilisées pour le faire. Nous présentons une première version de la partition que nous avons écrite pour l’occasion, et qui pose diverses questions comme celle de la représentation de distributions aléatoires de hauteurs ou celle des graphes de spatialisation.

—-

We describe a transformation of « Turenas », a famous piece composed by John Chowning (for quadriphonic tape, composed in 1972), for a real-time system and four performers allowing real-time interpretation of electronic sounds. First we give a description of the piece, and then we present the instruments (FM synthesis and spatialization) developed in Max/MSP for its realization. We indicate also the characteristics of the main sounds used in Turenas and then we discuss some choices that we had to do to adapt this piece, originally for tape, to be played by performers.

We also indicate some of the parameters we have chosen to be controled in real time and what gesture interfaces have to be used to do it. We present a first version of the score that we have written for this occasion, which shows various issues such as the representation of random distributions of pitches or the choices of the spatial graphs.

Francis Rousseaux
La musique improvisée du Septuet à Tue-tête

Accéder à l’article

L’article aborde un des problèmes pratiques que se posent les musiciens amateurs qui souhaitent improviser en groupe et se produire à l’occasion de concerts participatifs : celui de l’écriture préalable de canevas minimaux fixant la superstructure des pièces improvisées, robustes à des reconfigurations spontanées du groupe, permettant de réduire le temps de préparation sans compliquer la scénographie. L’auteur raconte une telle expérience et en tire une série de conséquences, pour certaines inattendues.

—-

This paper addresses a problem that may concern musical group aiming at preparing interactive concerts: how to design minimal templates that help to prepare the concerts without making the infrastructure heavier to manage. The author tells us such a story, and tries to draw consequences, sometimes unexpected.

Olivier Koechlin
De l’influence des outils numériques interactifs sur le temps musical

Accéder à l’article

Cet article propose une réflexion sur l’impact de la pratique des outils numériques interactifs sur la perception du temps en musique, nourrie à la fois par une expérience acquise dans la conception et le développement d’outils de création et d’analyse musicale et de celle de la pratique instrumentale.

En partant de deux lois sur la perception de la durée présente et passée, établies par Cuvillier et citées par Olivier Messiaen, on y décrit la matérialité de ces outils et de leurs médias, de la trace du sillon analogique au temps fragmenté du processeur numérique.

On parcourt quelques usages paradoxaux observés dans trois situations différentes et complémentaires : celle du compositeur, celle de l’instrumentiste et celle de l’auditeur, en les illustrant d’exemples réalisés par l’auteur.

On traite de l’influence des outils d’écriture et de montage virtuels basés sur une représentation graphique, et de la composition par processus.

On donne des exemples sonores commentés d’une recherche sur le suivi d’improvisation réalisée en 1986 à l’Ircam avec le pianiste Bobby Few et une captation du concert Maâllem Experience avec Mahmoud Gania en 2002 à la Villette.

On présente le logiciel metaScore d’analyse musicale et audiovisuelle interactive, utilisé par la médiathèque de la Cité de la musique, et on dirige le lecteur vers la pratique du Gamelan mécanique, instrument-orchestre interactif en ligne, réalisé avec Kati Basset.

Dans ces nouvelles pratiques, le passé, instantanément « remis au présent » par l’accessibilité de l’échantillon numérique, ressurgit sans cesse au travers de protocoles interactifs voulus ou subis, et vient déstabiliser ce processus d’attente / reconnaissance qui « sous-tend continuellement la forme sonore ».

L’anticipation par recomposition du passé est un processus général à toutes les situations évoquées, que les outils numériques interactifs viennent modifier par leur immédiateté.
L’approche transversale présentée ici incite à partager la réflexion critique sur ces nouvelles pratiques.

—-

This paper propose a reflection about the impact of digital interactive tools on the perception of time in music, from an experience in the conception and development of musical creative and analysis tools and the instrument’s practice.

Starting from two rules on the perception of duration in the present and in the past, settled by Cuvilier and mentioned by Olivier Messiaen, the materiality of these tools and their media is described, from the analog track to the splited time of the digital processor.

Some paradoxical uses are observed in three different situations, of the composer, the performer and the listener, illustrated by examples from the author’s works.

The influence of writing and assembling tools based on a graphic representation is discussed, as well as the composition by process.
It is possible to listen to some audio examples, from a research on improvisation following achieved in 1986 at Ircam with the pianist Bobby Few, and from the concert Maâlllem Experience with Mahmoud Gania in 2002 in La Villette.

The musical analysis software metaScore is presented, used the library of the Cité de la Musique, and the reader is invited to experiment the Gamelan mécanique, an online interactive orchestra-instrument, developed with Kati Basset.

In these new practices, the past, instantaneously « replaced in the present » by the accessibility of the digital sample, constantly reappears threw wanted or suffered interactive protocols, and destabilizes the process of waiting / recognition witch is « underlying constantly the sound form ».

Anticipation by recomposition of the past is a process common to all the presented situations, modified by the instantaneous digital interfaces. This transversal approach invites to share a forward-thinking on these new practices.

Alain Bonardi, Francis Rousseaux, Diemo Schwarz et Benjamin Roadley
La collection numérique comme modèle pour la synthèse sonore, la composition et l’exploration multimédia interactives

Accéder à l’article

Les collections d’objets numériques sont placées au croisement interdisciplinaire des sciences cognitives d’une part et de l’informatique d’autre part, dans le domaine de la classification et de la recherche d’informations.

D’un côté, les psychologues spécialistes de l’enfance comme Piaget ont montré que les collections fonctionnent sous un double mode, figural – c’est-à-dire s’inscrivant dans un espace, et à l’inverse non-figural.

De l’autre, les informaticiens cherchent d’autres organisations des informations que les habituelles grilles de classification établies sur des critères posés a priori : il s’agit d’introduire pleinement l’utilisateur et ses désirs dans les systèmes automatisés, tout en essayant bien sûr de lui éviter les coûts exorbitants qui menacent aussitôt de s’ensuivre. Pour cela, les interfaces seront encore à améliorer, et nous n’en sommes qu’au début d’un façonnage d’outils numériques. Après tout, les usages sauront bien nous inspirer collectivement, comme cela fut bien souvent le cas par le passé : nous devons à Philippe Aigrain la mention de la référence historique aux Locus Communis, ces livres collections d’extraits de textes annotés, copiés ou découpés selon des critères personnels avant même l’imprimerie parfois, qui répondaient déjà à la nécessité de gouverner une surabondance d’information. Collection croisée en vérité, puisque la collection d’annotations doublait la collection d’extraits.

Si la constitution et le parcours dans les collections (numériques ou pas), sont des questions qui rejoignent celle, plus vaste, de la synthèse, il est intéressant de remarquer comment les collections de fichiers sonores digitalisés sont devenues un cadre artistique pour l’exploration de formes ouvertes et pour la synthèse sonore en particulier.

Dans cet article, nous rendons compte de caractéristiques communes à toutes les collections, avant de montrer leur spécificité dans le monde du son numérique, grâce à des démonstrations d’applications comme ReCollection et Catart.