Le projet

Alma Sola est un opéra numérique pour 2 sopranos, cor, guitare et ordinateur reposant sur une forme ouverte.

Les nouvelles technologies, et plus particulièrement l'intelligence artificielle, sont de plus en plus intégrées dans le spectacle vivant permettant d’obtenir différentes formes de représentations ou d’interprétations.

Avec l'opéra Alma Sola, nous proposons une nouvelle façon d'aborder cet art et de le transmettre au public.

Faust, personnage fondateur de la mythologie occidentale, revêt ici une forme féminine. Assoiffé de connaissance, en quête d'universalité, il pactise avec son double qui n'est autre que la partie sombre de lui même.

L'opéra numérique Alma Sola transporte le spectateur dans l'univers mental de Faust. Chaque représentation s'écrit au fil de l'inspiration des chanteuses et offre un voyage initiatique au cœur des sens piloté par l'émotion.

L’utilisation d’un environnement technologique n’est pas envisagée ici comme élément illustratif, mais comme un partenaire de jeu dialoguant avec la chanteuse, qui incarne ce Faust féminin. Tous les éléments (textuels, musicaux, scénographiques, visuels) peuvent ainsi se combiner à l’infini et forger un nouvel opéra à chaque représentation.


Un opéra numérique en forme ouverte

Dans l'Opéra, la notion de progression musicale et dramatique possède un rôle fondamental.

Alma Sola sort volontairement de la conception traditionnelle par son organisation en forme ouverte.

Les machines et programmes informatiques, par leur puissance calculatoire, permettent de combiner à l’infini les éléments textuels, musicaux et visuels, et de forger un nouvel opéra à chaque représentation.

Plus de 35 ans après la création de l’opéra « ouvert » Votre Faust d’Henri Pousseur et Michel Butor, les nouvelles technologies peuvent donner un nouvel élan et un nouveau sens à la forme ouverte sur scène.

Il s’agit de faire de chaque représentation d’Alma Sola une expérience unique, un parcours singulier, dans les espaces de la sensation, du désir et de la volonté.


Le livret comme espace

Faust explore des univers thématiques : Amour, Pouvoir, Plaisir, Opulence, Connaissance. Ces univers sont divisés en blocs et organisés de façon non linéaire. La combinatoire fonctionne sur le principe du « zapping ». Cette approche nous ramène au fondement du mythe, et d'une certaine façon, de la métaphysique : l'acte de choix. Vivre c'est choisir, et dans Alma Sola, ces choix sont portés sur scène.

25 blocs composent le livret et peuvent être articulés dans n’importe quel ordre.

Grâce aux modules d’intelligence artificielle, chaque représentation est un parcours singulier construit par Faust, guidé par une envie dramatique et musicale. L’ordinateur propose des continuations et des enchaînements possibles. La chanteuse se voit offrir le choix de suivre ou non chacune des propositions de la machine, qui au passage apprend quel schéma de forme ouverte elle crée chaque soir.

En théorie, le nombre d’opéras possibles dépasse largement le milliard.


Conception musicale

L’opéra Alma Sola se fraye un chemin entre écriture traditionnelle et calcul musical sur ordinateur, entre nécessités dramaturgiques, écriture en variations et séquences d'improvisations.

Ainsi, les blocs d’un même univers sont composés et programmés en variations les uns des autres, alors que les intermèdes entre blocs sont improvisés sur des canevas.

L’œuvre est écrite pour deux chanteuses (Faust et son Ombre), guitare, cor et dispositif d’informatique musicale temps réel.


Une forme ouverte incarnée dans la scénographie

En écho à la forme ouverte d'Alma Sola, la scénographie se présente en modules éclatés qui offrent une modularité de l'espace en fonction de différents lieux scéniques possibles.

Le décor est celui de l'espace mental de Faust qui circule partout librement. Il part en quête, en exploration de chaque parcelle du lieu, le long de chemins, créant ainsi à chaque représentation un parcours singulier.

Exemple d'implantation au Cube, Issy-les-Moulineaux pour les représentations du 16.10.2005 (schéma : Candice Moïse)

Le plan se construit autour d'un espace central, lieu du prologue et du pacte pour Faust, lieu référent et lieu de la musique (avec les musiciens et le chef d'orchestre). Le chemin circulaire est celui de l'universalité, celui de la recherche, du cycle reconductible, et néanmoins ouvert sur toutes les directions, vers tous les possibles. À chaque univers correspond un espace singulier qui a sa propre position, sa matière, sa couleur et son orientation.

Un écran vidéo ouvre la scène, oriente l'espace et le révèle. Il est le lieu du point de vue subjectif, miroir de représentation mentale du personnage.


L'écran comme espace

La scénographie est conçue comme une métaphore de l'univers mental du personnage de Faust. Sur l'écran, se projettent des images filmées entrelacées de prises de vue traitées en temps réel.

Cet espace ouvre sur la projection des rêves, des phantasmes, des aspirations de cet être en recherche d'absolu.

L’ordinateur chargé des images traite, en temps réel, un ensemble de vidéos prédéfinies et organisées comme la musique et le texte selon le principe de variations.

images de Julien Piedpremier

Les transformations et traitements appliqués à ces vidéos sont modulés par des informations provenant de la musique. À ces images s’ajoute un flux vidéo live provenant d’une caméra manipulée par l’Ombre de Faust. Elle crée et façonne ainsi l’image de Faust. Les projections vidéo, contrepoint ou contrechant, offrent une autre perspective.

L'image agit en miroir reflet d'une âme seule en recherche d'absolu, perception des pensées et des actions du personnage.