Entre universalité et singularité :
l'interprétation vocale abordée par l'outil informatique

Céline Chabot-Canet

Au-delà de la dialectique parole/musique, la musique vocale, et particulièrement les musiques populaires, se caractérise par l’importance fondamentale d’une troisième entité : l’interprétation vocale, un universel et un élément transversal de l’ensemble des cultures musicales. L’usage de la voix représente un carrefour de confrontation entre les contraintes génériques et socioculturelles et la singularité irréductible de l’individu interprète.

Mais la performance vocale, qui intronise, à des degrés divers suivant le genre, l’impur, le désordre et le charnel, est relativement peu étudiée à cause de son caractère « mouvant » et réfractaire à la théorisation et à l’exhaustivité, malgré son rôle essentiel dans la reconnaissance et la séduction du public. Elle peut pourtant bénéficier d’une analyse approfondie et méthodique, au même titre que la composition [1].

Il s’agit de la soumettre à un nouveau protocole méthodologique, par une démarche pluridisciplinaire, à l’interface des sciences exactes et des sciences humaines, protocole incluant l’analyse spectrale et respectant toute la complexité de cet objet d’étude. Nous nous proposons de présenter les lignes directrices qui ont présidé à l’élaboration de notre méthode d’étude de l’interprétation vocale, d’exemplifier l’utilisation spécifique de l’outil informatique, d’en étudier les intérêts et les contraintes. Enfin de l’intégrer dans une lecture musicologique et sémiologique qui transcende les phénomènes disjoints par l’analyse et autorise l’émergence d’une véritable typologie interprétative.