La modulation en anneaux consiste à multiplier deux sons ; une porteuse et une modulante. Suite à cette multiplication, la porteuse et la modulante disparaissent (du moins en théorie) et laissent la place à deux sons résultants dont les fréquences sont égales à l’addition et à la soustraction des fréquences de la porteuse de la modulante (p - m et p + m).

L’ensemble instrumental se subdivise alors en trois groupes : violoncelle et alto, cor anglais et trombone, enfin, la clarinette basse, qui peut le cas échéant être associée à la bande lorsque les modulations en anneaux sont utilisées.

Conclusion


Nachtmusik I est emblématique du travail d’Emmanuel Nunes par son aspect globalisant. Ici, l’idée de dualité proposée par les concordances entre la modulation en anneaux et les autres éléments constitutifs de la pièce est essentielle. Même en faisant abstraction du traitement électroacoustique et de la diffusion des instruments, nous remarquons que l’utilisation de la modulation en anneaux dans Nachtmusik I est avant tout l’idée première sur laquelle se base une conception paritaire de tous les éléments constitutifs de la pièce, que ce soit les parités intervalliques, les paires instrumentales ou la conception formelle bipartite de la pièce.

De même, Nachtmusik I se construit sur l’interdépendance totale de ses paramètres constitutifs. Il s’agit dans cette pièce de détailler des intervalles prédominants, des structures rythmiques, des tempi, etc., puis d’assembler ces différents éléments afin d’établir un objet musical unique. La réutilisation des mêmes paramètres n’a pas ici pour fonction d’être entendue (et donc reconnue par l’auditeur) ; elle ne doit être perçue qu’en filigrane afin de porter l’attention de l’auditeur sur le geste en lui-même. L'objet sonore est la somme des fonctions logiques appliquées aux différents paramètres, la réunion en un point unique (la note, la cellule rythmique, etc.) des valeurs issues des différentes « séries » ou variables. Je ne veux aucunement cataloguer la musique d’Emmanuel Nunes dans un sérialisme strict, mais la stratification des différentes dimensions de l’écriture qu’il effectue dans Nachtmusik I est subordonnée à cette pensée.

Le matériau est chez Nunes une substance sous-jacente au discours, mais qui ne le remplace pas.


Sébastien BERANGER

PS. J'aimerais remercier Emmanuel Nunes qui a eu la gentillesse de me fournir le détail de son matériau