A la recherche de Diadèmes, de Marc-André Dalbavie

Entre reconstitution, analyse et interprétation des œuvres interactives

Serge Lemouton, Karin Weissenbrunner, Alain Bonardi


1. Remonter Diadèmes, de Marc-André Dalbavie

Diadèmes de Marc-André Dalbavie est une pièce en trois mouvements pour alto transformé, ensemble électronique et ensemble instrumental, créée le 16 juin 1986 (Centre Georges Pompidou, Paris, Nathalie Baudoin (alto), Ensemble Itinéraire, direction: Arturo Tamayo). Son effectif est le suivant :

Cette œuvre a été jouée pour la dernière fois en 1992 à l’occasion de l’enregistrement du CD (Adès 205 202 (1996, recorded 1992) Accord 465 313-2 (1996)). Elle a été distinguée par le jury du prix Ars Electronica en 1987 en raison de « l'intégration des instruments traditionnels avec des sons générés numériquement » [2].

Diadèmes a été créée lors du colloque « systèmes personnels » qui s’est tenu à l’IRCAM en 1986. A l’époque, on désignait par « systèmes personnels » toutes les nouvelles machines permettant de mettre à la portée du grand public les dispositifs de synthèse et de traitement sonores jusqu’alors réservés aux institutions. Yamaha avec ses synthétiseurs DX7, ses modules de réverbération et ses processeurs d’effets était l’un des principaux fabricants de ces « systèmes personnels ». A cette époque, l’IRCAM disposait d’un studio équipé spécialement par Yamaha.

L’éditeur de l'œuvre (Lemoine) a fait une demande à l'Ircam concernant l’exécution de cette pièce pour un concert aux Etats-Unis en décembre 2008. Le problème posé qui s'était posé alors était l’exécution en concert de la partie technologique de l'œuvre. Alors que par le passé, les instruments de musique constituaient un substrat relativement stable à l'échelle historique, ce qui permettait de construire une tradition, une culture, le répertoire des œuvres mixtes de la fin du 20ème siècle, associant instruments acoustiques et processus de transformation du son, est confronté à l'obsolescence accélérée des technologies numériques. Ce répertoire, largement représenté à l'IRCAM, va-t-il pouvoir se constituer en tant que tel, se transmettre et se préserver ? Une organologie des traitements sonores en temps réel peut-elle émerger ?

Nous avons étudié les mesures à envisager pour la mise à jour de cette pièce, puis réalisé une nouvelle version. A cette occasion, dans le cadre du projet européen Caspar auquel participe l'Ircam, nous avons également tenté de réaliser une sauvegarde des éléments constitutifs de cette pièce en vue d’en faciliter des réalisations ultérieures. Il est à noter que les reprises actuelles de pièces créées à cette époque sont de plus en plus problématiques.


[1] La création a été faite sur synthétiseurs Yamaha DX7; les exécutions suivantes ont fait appel à des TX816, implémentant des cartes DX7; ce sont les machines que nous évoquons dans cet article.

[2] le texte original en anglais était : « the integration of traditional instruments with digitally-generated sound ».

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