2.3.2. Qualifications


La nature des qualificatifs traités dans le thème de la réception en fait un marqueur du plan corporel de la narrativisation : le sujet fait référence à son ressenti par rapport à l’extrait, que cela soit exprimé sous la forme d’un participe passé attribué au sujet lui-même, ou d’un adjectif attribué à l’extrait supposant la perception de la qualité évoquée par le sujet.

Ce thème est abordé à 70% par des non-experts (qui s’y concentrent en délaissant quelque peu les autres thèmes), ce qui aurait tendance à confirmer l'hypothèse selon laquelle les non-experts se laissent plus aller à des considérations proprioceptives et émotionnelles que les experts (ce qui ne signifie pas que les experts ne perçoivent pas ces qualités et ne fassent pas usage de processus de narrativisation corporelle, mais tout au moins qu’ils les considèrent moins pertinents que ne le font les non-experts).

Si le caractère « lumineux » n’est mis en évidence que par des sujets du groupe expérimental, en revanche les trois autres caractères synesthésiques sont partagés entre les deux groupes. La qualification « opaque » est cependant limitée aux experts, ce qui peut témoigner d’une certaine spécialisation de ce terme dans le domaine électroacoustique, allant plus loin que sa connotation synesthésique considérée assez peu pertinente.

Le son n’est que très peu décrit dans son état général (les descriptions plus précises étant réservées aux unités perceptives les plus identifiées, comme nous allons le voir).

Enfin, le thème du musical marque deux oppositions (principalement soulevées par le groupe expérimental) : entre « musical » et « non-musical » (les experts ayant tendance à choisir le premier, tandis que les non-experts remarquent la non-musicalité – probablement du fait de la nouveauté de cette forme de musique pour la plupart des non-experts) ; et entre « organisé » et « non-organisé », l’absence d’organisation n’étant soulevée que dans son sens musical, par un expert.

Venons-en aux qualificatifs attribués à des unités perceptives particulières, cela ayant été principalement développé par des experts.

La transformation du « bébé » n’est pas plus remarquée par les sujets du groupe témoin que par les sujets du groupe expérimental. On ne peut donc conclure à aucune interférence de la tâche dans le processus d’identification et de segmentation.

 

 

L’aspect « spatial » du souffle est soulevé principalement par le groupe témoin, le partage étant pourtant équitable quant au jugement sémantique de l’aspect spatial de l’extrait. Ceci pourrait être le résultat d’une généralisation des propriétés du souffle à l’extrait du fait de l’importance de la tâche à réaliser qui ne laissait que peu de ressources pour la construction d’une représentation détaillée qualifiant chaque unité perceptive indépendamment.

 

 

Le « chant » trouve la majorité de ses qualificatifs du côté de l’aspect « religieux », ce qui avait déjà été le cas lors d’un test préliminaire avec l’association du chant à des moines tibétains ou à des prières et incantations.

 

 

Enfin, alors que les non-experts sont très peu à produire des qualificatifs correspondant à ceux majoritairement donnés pour les « cloches », qu’ils sont tout à fait absents des considérations « techniques » (agiter, frapper, etc.), ils sont en revanche seuls à considérer les cloches comme « mystérieuses », « étrangères » (chinoises ou tibétaines) et marqueurs de « temps ». Une fois de plus, les experts refuseraient peut-être (ou jugeraient moins pertinent) d’utiliser des qualificatifs subjectifs et évocateurs.

 

 

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