3.2. Forme

Selon Irène Deliège, qui a mené des expériences avec des oeuvres instrumentales contemporaines, l'empreinte de la forme d'un extrait musical écouté serait une solution à l'impossibilité fondamentale de percevoir l'ensemble de la forme dans le cas de musiques présentant un certain degré de complexité. Cette empreinte serait construite en mémoire par l'extraction d'indices saillants, et permettrait aux auditeurs de se repérer (dans une certaine mesure) dans le déroulement de l'extrait [1].

Ici, putôt que d’une représentation horizontale, chronologique, marquée de thèmes et de développements (ce qui n’est le cas que pour quelques experts), les sujets ont eu tendance à structurer la forme de manière verticale, identitaire, en fonction des unités perceptives les plus présentes comme marqueurs de l’identité de l’extrait. Alors que le « bébé », les « cloches », le « souffle » et le « chant » étaient la plupart du temps repérés dès la première écoute, formant la base structurale de l’extrait pour la plupart des sujets, les autres unités perceptives étaient plutôt repérées à la deuxième écoute et, plus que d’en affiner la structure, ils étaient vus comme des événements ponctuels qui venaient sur un fond constitué des unités structurantes. Aussi on pourra proposer l'idée que les indices dont parlaient Deliège ne sont pas nécessairement des moments de l'extrait, mais peuvent en être des caractères, ou bien être des existants qui habitent l'extrait.

 

Page précédente - Page suivante


[1] Deliège, Irène, « Approche perceptive des formes musicales contemporaines », in La musique et les sciences cognitives, éds. Stephen McAdams et Irène Deliège, Liège / Bruxelles, Pierre Mardaga, 1989, p. 305-326.


Page précédente - Page suivante