Chapitre précédent - Page suivante

Trois mélodies Kikatsu (1963) pour soprano et piano (1/3)

Trois mélodies Kikatsu (飢渇より三つの歌 Trois mélodies d’après Faim et Soif) pour soprano et piano ont été écrites en 1963 d’après trois poèmes sélectionnés depuis le recueil Kikatsu publié en 1956 du poète japonais Kanai Choku (金井直 1926-1997). Ces trois pièces n’ont jamais fait l’objet d’une publication, pourtant le compositeur ne les a pas reniées. Ces œuvres de jeunesse lui ont en quelque sorte servi d’exercice de style.

Trois mélodies Kikatsu se présentent dans l’ordre suivant : « Shiroi hana » (白い花 La fleur blanche), « Mizu to Yume » (水と夢 L’eau et Le Rêve) et « Namida » (涙 Les Larmes). La durée de l’ensemble ne dépasse pas 10 minutes. Voici celles de chaque morceau.

Titre « Shiroi hana »
(白い花 La fleur blanche)
« Mizu to Yume »
(水と夢 L’eau et Le Rêve)
« Namida »
(涙 Les Larmes)
Durée 2'10 4'20 3'00

Tableau 1 : Trois mélodies Kikatsu pour soprano et piano de Y. Taïra

On remarque une différence stylistique entre les œuvres de jeunesse et celles de la période ultérieure. Dans l’ensemble des Trois mélodies Kikatsu, par exemple dans l’extrait proposé ci-dessous de la première pièce « Shiroi Hana » (白い花  La fleur blanche), on observe sur le plan de la structure formelle et rythmique, mais aussi sur celui des phrasés de la partie du piano et de l’écriture mélodique de la voix, une souplesse moins grande par rapport aux partitions éditées du compositeur. Pourtant, l’écriture de la voix privilégiant la prononciation en suivant le principe d’ichi-ji-ichi-on (principe évoqué par le compositeur Yamada Kōsaku 山田耕筰 qui respecte les syllabes parlées en japonais) reste toujours au cœur de sa préoccupation. C’est pendant ses études à la Hochshule à Berlin (1910-1914) que Yamada Kōsaku (1886-1965), compositeur de la première génération au Japon écrivant de la musique occidentale, a réfléchi à une application concernant l’écriture vocale adaptée à la particularité de la langue japonaise. Ichi-ji-ichi-on 一字一音, qui signifie littéralement un mot un son, veut dire qu’une note (un son) correspond à une syllabe pour que la prononciation soit la plus claire possible pour l’auditeur. Yamada pense que l’écriture vocale doit privilégier la compréhension des paroles. Notons ici que ce principe est comparable avec celui de la Chine. Les poèmes chinois anciens étaient récités musicalement sans noter précisément le rythme, un caractère avec une note ou une hauteur différente selon yi-zi-yi-yin 一字一音 (avec les mêmes caractères chinois que ichi-ji-ichi-on en japonais).

Exemple musical 1 : « La fleur blanche » pour soprano et piano de Y. Taïra, p. 1. Cette partition manuscrite inédite nous est communiquée par Yumi Nara. Les mentions ont été ajoutées par nos soins.

Chapitre précédent - Page suivante