Nous scrutons dans cet article l’utilisation de procédés de fugue dans la pièce Muerte del ángel, capables de dévoiler les importants rapports entre musique populaire urbaine et musique savante existants dans la production du compositeur et bandonéoniste argentin Astor Piazzolla (1921-1992). On perçoit l’utilisation d’éléments de quatre univers musicaux différents – tango, musique baroque, jazz et musique savante moderne –, dont le métissage se caractérise par deux traits principaux : le dosage précis de l’utilisation de chaque univers employé, et le métissage par intersection – procédé qui s’utilise des caractéristiques communes des musiques pour les mélanger. Spécifiquement par rapport au langage de la fugue, nos avons pu percevoir que son utilisation est liée à une fonction importante dans la musique de Piazzolla : l’accumulation progressive de la densité sonore. D’un autre côté, le soin à préserver la sonorité baroque de la fugue, lié aux analyses des déclarations du compositeur, nous mènent aussi à voir dans cet emploi une quête et une revendication pour son tango d’une légitimité semblable à celle de la musique savante.
Thomas Saboga, « Astor Piazzolla et la création d’un style conjuguant populaire et savant : l’utilisation de procédés de fugue dans Muerte del ángel« , Musimédiane, n° 11, 2019 (https://www.musimediane.com/11saboga/ – consulté le 11/12/2024).